Paris, 15 juillet 1882, samedi midi
Cher bien-aimé, j’ai presque honte de te chanter toujours la même antienne sans aucune variante à mes vilains maux qu’un affaiblissement progressif que rien jusqu’à présent ne peut arrêter. J’ai beau prendre mon courage à deux mains rien n’y fait. J’ai pris un bain ce matin et depuis que j’en suis sortie je suis dans un anéantissementa idiot presque complet : à quoi cela tient-il ? That is the question à laquelle Madame Nature répond d’un air assez revêche : « Tu as assez vécu. Il est temps d’aller voir par delà ce monde si j’y suis ». C’est à quoi je me décide à regret tant que tu restes ici. Mais j’ai beau y mettre toute la lenteur possible il faudra bien que je plie très prochainement bagages. En attendant je continue à t’adorer plus que jamais.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 138
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « annéantissement ».