Paris, 3 juillet 1882, lundi matin, 8 h.
Décidément je crois que Victor l’emporte sur Médard et le soleil sur la pluie [1]. Donc gloire à lui, Victor, sur la terre comme au ciel, et foin de Médard partout où il se trouve et ailleurs. Il fait beau, je t’aime, soyons heureux. Pour peu que tu hâtes ton débarbouillage ce matin, tu peux avoir et nous donner le plaisir assez rare, d’ailleurs, de déjeuner en famille. Le reste de l’après-midi pourrait être consacré à aller acheter des souliers dont tu as le plus grand besoin ; ou à lire les lettres et les journaux, sans parler de la réponse que tu as à donner à l’invitation de l’Hôtel de Ville [2] et à la Jeune Revue [3] qui en attend une aussi, depuis longtemps. Je me crois obligée en conscience de t’en faire souvenir au risque de t’embêter outre mesure. Cher bien-aimé, la journée est belle, nous nous aimons, c’est le cas ou jamais d’être heureux.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 126
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette