Guernesey, 30 janvier 1861, mercredi, 9 h. du m[atin]
Bonjour, mon doux adoré. Bonjour, à tout cœur et à tout crin si, comme je le désire et comme je l’espère, tu as passé une très bonne nuit et si tu n’as pas mal à la gorge ce matin. Sinon, je regrette ma malencontreuse petite gaieté et de me laisser aller sans me retenir à la tristesse de te savoir souffrant et de ne pouvoir rien faire pour te guérir. Mais j’espère qu’il n’en sera pas ainsi et que j’aurai au contraire à me réjouir tout à l’heure des bonnes nouvelles que tu m’apporteras toi-même de ta chère santé.
Quant à moi, j’ai encore moins bien dormi que la nuit dernière mais je ne m’en porte pas plus mal ce matin, ce qui est l’essentiel. Au reste je n’ai pas souffert de l’estomac comme je m’y attendais. Je n’ai eu que de l’agitation. Tout cela est moins que rien si tu as bien dormi et si tu es content de ta gorge. Je crains que nous ne puissions pas faire notre petite promenade aujourd’hui tant le temps est couvert et humide. Il est vrai que dans ce pays cela ne signifie rien et il est possible qu’il fasse un beau soleil à midi. Attendons et espérons. Quant à moi je serai prête à te suivre partout et ailleurs par tous les temps et à toute heure.
J.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 28
Transcription d’Amandine Chambard assistée de Florence Naugrette