Paris, 5 juin 1882, lundi matin, 7 h.
Te voilà revenu presqu’aussi matinal à l’ouvrage qu’autrefois, mon archigrand bien-aimé, est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Chi lo sa [1] ? Pour moi, je trouve qu’il vaudrait mieux équilibrer tes heures de travail avec tes heures de repos pour t’épargner un surcroît de fatigue que la simple prudence doit te conseiller d’éviter, maintenant que le moment est venu de compter avec l’âge et les forces physiques. Je te dis cela, mon doux adoré, non pour interrompre ton saint labeur de ce matin d’où dépend, je l’espère, l’apaisementa et la fin de cette odieuse et féroce persécution de tous ces malheureux juifs de Pologne et de Russie [2], mais pour te supplier de prendre bien ton temps afin de ne pas outrepasser tes forces et ta santé qui sont une sécurité et ma vie. Je pense que Lesclide viendra ce soir se mettre à ta disposition pour copier si tu as fini et même pour la porter, cette copie, au Rappel tout de suite. Cet excellent homme ne demande qu’à te servir et à te complaire en toute chose et à toutb heure comme moi à t’adorer depuis un bout de ma vie à l’autre.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 104
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « appaisement ».
b) « tout ».