Paris, 27 février 1882, lundi midi
Grâce à Dieu, mon grand bien-aimé, ta chère fête d’hier s’est admirablement passée, ici et sur tous les points de Paris [1]. Cela n’a rien d’étonnant quanda on sait à quel point tu es admiré, vénéré et adoré par cette exquise population si ardente et si intelligente. Je n’ai pas attendu jusqu’à tantôt pour lire le compte-rendu de cette touchante fête dans Le Rappel. Vacquerie en parle avec un enthousiasme attendri qui va au cœur. On sent qu’il t’admire et qu’il t’aime profondément comme on doit t’aimer quand on te comprend. Tantôt je passerai la revue des journaux que nous recevons, si tu m’en laisses le temps, toutefois, car tu as séance au Sénat aujourd’hui. Il est vrai que Corbon a dit que tu pouvais te dispenser d’y assister. Depuis hier j’ai ma chère petite lettre [2] sur mon cœur et chaque fois que je la touche et que je la lis il me semble qu’elle palpite et qu’elle me répond comme une personne vivante. Cher adoré, sois béni de me l’avoir donnée. Je ne peux pas t’aimer plus que je ne fais puisque j’y mets toutes les forces de mon cœur et de mon âme qui t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16403, f. 11
Transcription d’Yves Debroise assisté de Florence Naugrette
a) « quant ».