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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 22 avril [18]63, mercredi soir, 5 h.

J’espère, mon cher petit homme, que tu n’es pas sous la pluie en ce moment, ce serait plus qu’imprudent surtout par le vent aigre qu’il fait. Mais si tu es chez toi, je te demande la préférence car j’ai un bon feu et un bon cœur qui t’attendent plus ardent l’un que l’autre ; si tu veux en profiter pour réchauffer tes chers petits pieds et ta belle et sublime grande âme, tu me combleras de joie. En attendant je pense avec une reconnaissance que rien ne peut exprimer à tout ce que tu fais pour moi au risque de te surcharger plus que tes forces ne peuvent porter. Mais tu le sais, mon bien-aimé, je n’ai rien à moi que mon amour que je te donne tout entier et le jour où tu sentirais trop le fardeau je suis prête à te l’alléger en réduisant ma vie au stricta nécessaire. Ce n’est pas une façon de parler qui n’engage à rien, c’est le sentiment profond d’amour, d’honneur, de probité et de dévouement qui est en moi qui te supplie de prendre mes paroles comme un engagement sacré que je serai heureuse et fière de tenir le jour où il le faudra. Jusque là, mon généreux homme, je me laisse faire tout le bien dont tu veux me combler dans la pensée que c’est un peu ton propre bonheur que tu signes avec cette tendre sollicitude. Et puis je te souris, et puis je t’adore, et puis je te bénis avec un redoublement de tendresse que rien ne peut arrêter ni ralentir.

J.

BnF, Mss, NAF, 16384, f. 103
Transcription de Chantal Brière

a) « stricte ».

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