Guernesey, 30 novembre [18]64, mercredi, 7 h. ¾ du matin
Pas de signal encore, mon cher bien-aimé, mais une bonne nuit pour toi comme pour moi je l’espère. J’ai très bien dormi toute la nuit et je me porte très bien ce matin. Mais, toi, mon pauvre enrhumé, comment s’est passéea ta nuit et comment es-tu ce matin ? Je ne le saurai que tantôt mais d’ici là je vais tâcher de te guérir en t’aimant de toutes les forces de mon cœur et de mon âme. Si le temps continue d’être beau et que tu n’aies rien à faire et que mes bobos me laissent toujours tranquille je te demanderai à sortir car demain il n’y faut pas compter puisque tu es de [illis.] festin toute la journée, et à ce sujet je remarque sans REGRET, que ton cher petit Toto aura beau temps pour sa traversée cette nuit. Ceci n’est pas un mal, AU CONTRAIRE. Quand la mer est tirée et qu’il faut la boire, toutes les bonnes chances ne sont pas de trop, c’est comme pour les [mariages ?]. C’est pourquoi je me réjouis du retour de ton fils dans ces bonnes conditions météorologiques. Je n’ose pas en dire autant de tes jeunes mariés [1] mais je leur souhaite tout le bonheur et plus de bonheur si c’est possible à eux qu’à tous ceux qui se marient avec tous les avantages apparents pour eux.
Je vais aller voir si ton cher petit signal est à son poste pour le baiser des yeux et de l’âme. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16385, f. 251
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette
a) « comment c’est passé ta nuit ».