Paris, 22 avril [18]79, mardi midi
Cher bien-aimé, j’ai profité du temps d’arrêt de mon bobo pour me mettre au pair de mes petits travaux de ménage afin d’être libre de tout arriéré dans mon service de mouche du coche. Maintenant que m’en voilà quitte, je viens à toi presque en courant grâce au bon vouloir de ma patte. Depuis ce matin je vais presque bien et si cela continue il n’en sera plus question d’ici à demain. Je te remercie de m’avoir empêchée de mettre un vésicatoire (tu as raison toujours) et cette fois plus encore. Soyez béni, cher docteur, de m’avoir épargné ce surcroît de souffrance inutile et peut-être dangereux. Sois béni à jamais, mon adoré, de m’aimer un peu moi qui ne vis que pour t’aimer et parce que tu m’aimes. Je te souris, je suis heureuse, je remercie Dieu à travers toi que j’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF, 16400, f. 108
Transcription de Chantal Brière