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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 septembre [1844], mardi soir, 5 h.

Je te verrai ce soir, mon bon petit homme. J’aurai même le plaisir de te voir brouter, ce qui est une chose pleine de charme pour moi, mais, hélas ! je crains bien d’être forcée d’acheter ce petit moment de bonheur futur par celui de tout à l’heure. Il est probable que tu ne viendras pas avant l’heure de ton souper, du moins j’en ai peur ? Je ne grogne pas, je ne suis pas méchante, je ne t’accuse pas, seulement je suis triste et je sens que je le serai jusqu’au moment où je te verrai.
Je n’ai pas encore écrit à Mlle Hureau ; car, quoique tu en dises, il y a encore différentes manières d’interpréter avec elle le résultat de la démarche que j’ai faite hier auprès de sa sœur [1]. Je voudrais avoir là-dessus un bon avis de toi ; ce soir si tu n’es pas trop fatiguée et si cela ne t’ennuie pas trop, je te prierai de me dire ce que je dois faire. J’ai vu la penaillon sauvage ce matin. Je lui ai encore parlé de ta toile. Elle m’a promis d’y penser dès que l’occasion s’en présenterait. En outre, j’ai là une lettre que je crois de Mme Triger et que je n’ai pas pensé à te montrer quant tu es venu tantôt. J’attends que tu sois là pour l’ouvrir.
Voilà, mon Toto adoré, l’état sanitaire de ma maison. J’attends dans ce moment-ci le linge de la mère Lanvin. Je voudrais qu’il vînt avant la nuit ferme pour savoir s’il est plus blanc que la dernière fois. Je ne voudrais pourtant pas les tourmenter, ces malheureux gens, mais, d’un autre côté, il m’est impossible de pousser la générosité et le dévouement jusqu’à mettre du linge bleu et fétide.
Pauvre ange, je t’entretiens de toutes ces misères comme si elles pouvaient t’intéresser. Je t’aime mon Victor chéri. Je t’adore mon cher petit homme. Voilà le commencement, le milieu et la fin de toutes mes pensées. Je baise tes chers petits pieds.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 181-182
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

Notes

[1Mme Marre.

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