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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 septembre [1844], lundi après-midi, 4 h. ½

Je te donne en cent mille à deviner qui j’ai vu tout à l’heure, mon cher bien-aimé… M. Alboize de Brest ! Je t’expliquerai le motif de son retour imprévu et de la visite chez moi car ce serait trop long à te décrire sur le papier et que je veux me réserver la place de te dire que tu es mon bien-aimé adoré et que je suis la plus heureuse des femmes en pensant à demain. Clairette aussi paraît fort contente. Elle étudie son piano dans ce moment-ci. Pauvre enfant, je m’inquiète probablement à tort sur la morosité apparente de son caractère. Je te remercie du fond du cœur, mon adoré, de m’en faire apercevoir et de me tranquilliser à ce sujet. Tu es un pauvre ange. Tu ne sauras jamais quel trésor de reconnaissance et d’amour mon cœur te garde. Mon Victor adoré, d’ici je te bénis et je baise tes divins petits pieds.
Il paraît que ma pauvre sœur est malade depuis quelque temps. Son mari cependant ne paraît pas inquiet mais ce sont de tristes vacances pour leurs pauvres enfants et puis cela s’ajoute au chagrin de perdre M. Alboize. Allons, bon, voilà que j’entre dans la voie des explications que je me suis réservée de te donner de bouche ce soir. L’habitude que j’ai de te dire tout ce qui se passe autour de moi et mes pensées comme elles se présentent fait que j’ai toujours des volumes de choses à te dire en dehors de mon amour qui m’intéresse plus que tout au monde, et qui est pour moi le monde tout entier.
J’espère que tu étais à l’abri de l’orage tantôt, mon cher petit homme ? Tu es chaussé bien légèrement pour ces temps de pluie. Je voudrais que tu aies la précaution ou de ne pas sortir quand il a plu.
Mme Luthereau m’a interrompue à cet endroit. Elle est venue me dire bonjour et me donner de ses nouvelles. Moi je t’aime et je te désire de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16356, f. 159-160
Transcription de Caroline Lucas assistée de Florence Naugrette

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