16 juin [1837], vendredi matin, 10 h. ½
Bonjour, mon petit homme bien-aimé. Bonjour. Comment va ton pauvre œil ? Je voudrais pouvoir le baiser. Il me semble que je le guérirais. Tu n’as pas été mouillé cette nuit ? J’ai rêvé de te voir, mon petit homme, et puis chaque fois que je me réveillais je pensais à vous avec amour. J’ai bien besoin de vous reposséder. Il y a si longtemps que vous ne m’appartenez plus que je crains que vous n’en ayez perdu l’habitude. Claire est retournée ce matin à la pension. Me voilà de nouveau tout à fait seule. Si tu avais le temps aujourd’hui et si cela ne te dérangeais pas trop dans ton travail tu pourrais me mener dîner chez Mme P. [1] mais c’est à la condition que tu ne t’imposeras aucune gêne, aucune fatigue. Il serait absurde pour une satisfaction assez mince après tout que je t’imposasse une fatigue nouvellea à toutes celles que tu as déjà. Jour mon To. Jour mon petit homme chéri : je t’aime de toute mon âme ce qui est bien plus que de toutes mes forces. Quand tu me reviendras tu me trouveras le cœur tout ensemencé d’amour et n’attendant plus que son Soleil pour fleurir et pour embaumer votre vie. Viendras-tu bientôt ? Tu n’en sais rien. Mais moi je sens que j’ai besoin de te voir. Et puis je voudrais savoir comment va ton cher petit œil. Je t’aime mon Toto. Je t’aime.
Juliette
MV-MVH, Villequier, Inv. 1988.3.1 (V 88.3)
Transcription de Marie-Jean Mazurier
a) « nouvelles ».