Guernesey, 7 mars 1858, dimanche soir, 5 h. ¾
Je ne sais pas si j’aurai le temps d’achever mon gribouillis avant l’arrivée de mes dîneurs, mon cher petit homme, mais je vais tâcher de te donner mon cœur en bloc pour que le plus fort soit fait déjà quand ils arriveront. Du reste, tu n’as pas besoin de ma restitus pour savoir à quoi t’en tenir sur mon amour et cela [est] fort heureux pour moi car si tu ne connaissais mon cœur qu’à travers les platitudes de mon esprit tu en aurais une médiocre idée. Cher bien-aimé, je vais donc passer une bonne petite soirée avec toi : justement voici le citoyen Quesnard auquel je vais demander la permission d’achever mon petit papotage sentimental. Je le répète : oh ! pour le coup puisque vous voilà, je me regarde comme parfaitement quitte à quitte avec vous Mon Victor, je t’aime, je suis heureuse et je vous le prouve en vous adorant plus fort que jamais.
BnF, Mss, NAF 16379, f. 54
Transcription d’Anne-Sophie Lancel assistée de Florence Naugrette