Guernesey, 19 oct[obre 18]78, samedi matin, 6 h.
Bonjour, mon grand adoré, bonjour, sois béni. Tu paraissais si bien disposé hier soir à passer une bonne nuit que j’espère avoir de bonnes nouvelles de toi ce matin [1]. Malheureusement je crains que tu ne puisses pas encore te promener aujourd’hui à moins que l’épais brouillard qu’il fait en ce moment, ne se dissipe d’ici à tantôt, ce dont je doute car il est bien épais et bien fétide, et vous prend aux yeux et à la gorge au point d’en pleurer et d’en être asphyxiéa. Tu feras bien, mon grand Petit homme, de te tenir clos et couvert et avec du feu dans toutes tes chambres tout le temps qu’il durera. À l’instar de Gribouille [2] et pour me garer de l’humidité, moi, je vais prendre un bain ce matin. Je profite de la facilité que me donnentb ma citerne et mon capteur [3] pour me tremper une heure toutes les semaines. Jusqu’à présent je m’en trouve très bien. Peut-être cela te ferait-il aussi grand bien à toi en dehors ou avec l’hydrothérapie. Demande-le donc à Corbin. Je serais si heureuse de te le préparer moi-même chez moi que l’eau m’en vient à la bouche tout de suite.
Je t’adore.
Monsieur
Victor Hugo
Hauteville House
Syracuse
Transcription de Gérard Pouchain
[Barnett et Pouchain]
a) « asphixié ».
b) « donne ».