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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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12 février [1848], samedi matin, 9 h. ¾

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour, je vais très bien et toi ? Je t’aime et vous ? Je me sens disposée à être très aiméea c’est à vous à faire le RESTE. Cependant je ne vous y force pas car je sens que vous être très occupé d’ailleurs et que vous n’avez pas que moi à….. penser (j’allais dire PANSER). Je le sais et je m’y conforme tant bien que mal sauf plus tard à faire valoir mes droits. Je crois que ce sera effrayant. En attendant cette époque désirée, je file des jours monotones et absurdes mêlés de pas mal d’impatience et de beaucoup de bisquerie. Pour varier cette médiocre occupation, je viens de lire La Fraternelle [1] à laquelle je n’ai rien compris sinon que la susdite n’assure que ce qui est incombustible de [illis.] naturel tel que pierre de taille, moëllon, granit et fer, voirea même les étangs sans le poisson, et autre cours d’eau qu’on pourrait avoir dans son logis ou ailleurs. Cette manière d’assurer et de rassurer les sociétaires de cette trop fraternelle compagnie m’inspire un si vif sentiment de confiance et d’admiration que je me sens le courage de rester sous le poids de mes risques LOCATIFS et autres plutôt que d’abuser de son dévouement philanthropiquec. Fichtre je n’aurais qu’à brûler, elle aurait la douleur, cette bonne compagnie, de ne m’offrir pour toute indemnité que l’article 9 de la brochure moins neuve que son article. Je ne veux pas l’exposer à cela je ne me le pardonnerai pas. Baise-moi toi et tâche de brûler un peu mieux que ça afin que MA COMPAGNIE te donne son petit article de consolation.

Juliette

MVH, 8046
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

a) « aimé ».
b) « voir ».
c) « philantropique ».


12 février [1848], samedi, midi ½

Je vais toujours très bien, mon adoré, et n’[illis.] le désir de te voir je ne demanderais rien de plus au bon Dieu. J’espère que de ton côté tu vas très bien et que tu as passé une bonne nuit. Si tu peux venir de bonne heure tu feras le mien toujours et de plus en plus. Les bonnes choses sont toujours les meilleures et les plus grosses niaiseries ne vieillissent jamais. C’est toujours avec un nouveau plaisir que je les retrouve sous ma plume et dans mon cœur. D’ailleurs pourquoi changer ces vieilles plaisanteries qu’on connaît et qui vous connaissent contre de nouvelles qu’il faudrait peut-être chatouiller longtemps avant de leur faire dire le plus petit mot pour rire. Voilà mon opinion et je m’y tiens. D’ailleurs c’est TONIQUE quoique tu ne saches pas encore S’IL A CRIÉ QUAND IL M’A MORDUE [2]. Cela viendra un jour. En attendant PORTE-MOI et je t’apporterai Madame Chaumontel et son auguste famille y compris la mélodieuse Théophiline. Il fait un temps ravissant mais comme il faut que je me peigne et que j’ai encore mal aux reins je ne sortirai pas aujourd’hui. Demain j’irai chez le médecin et je verrai ce qu’il me dira à ce sujet. Je crois que c’est le plus raisonnable ainsi. Qu’en dites-vous mon cher petit tyran domestique ? Baisez-moi et venez bien vite je vous attends.

Juliette

MVH, 8047
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Michèle Bertaux

Notes

[1Il s’agit manifestement d’une compagnie d’assurances.

[2Citation récurrente sous la plume de Juliette Drouet, à identifier, comme le « c’est tonique » qui précède.

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