Paris, 9 mars [18]78, samedi soir, 6 h.
Je suis presque honteuse d’avouer mon penchant à la sérénité, mais le fait est que, sans m’en apercevoir, je m’occupe bêtement trop du Petit déjeuner jaune [1]. Aussi à partir de demain je rentrerai dans mes habitudes de ménagère, bougon et affairée. Par exemple je ne sais pas ce que tu feras de nous ce soir après le dîner car il me paraît impossible que tu nous mêlesa au centenaire de Voltaire [2]. Il faudra que tu prennes un parti là-dessus avant l’arrivée de tes deux commissions. Quant à moi je ne demande pas mieux que de rentrer dans ma chambre aussitôt le dîner fini mais il n’en sera peut-être pas de même pour les autres venus pour passer la soirée tout entière avec toi. En attendant que tu avises je me dépêche à bâcler ma chère restitus avant la nuit tombée et je te donne avis que la traite Rousselle ne s’est pas encore présentée ni le mandat de trente francs pour Greppo. Cela prouve pour les deux la confiance qu’ils ont dans la solvabilité et aussi leur peu de besoin d’argent. Quant à moi, je tiens à ta disposition 30 F. en monnaie républicaine et j’attends le moment où je pourrai te demander d’acheter mon tapis et mes rideaux et surtout du linge de table dont le besoin se fait déjà trop sentir. Et puis le Sénat que je voudrais revoir bientôt avec toi.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 67
Transcription de Chantal Brière
a) « mêle ».