20 février 1878

Paris, 20 février [18]78, mercredi soir, 1 h.

Cher bien-aimé, je vais mieux. Émile Allix lui-même trouve qu’il y a une amélioration notable dans mon bobo depuis hier soir. Donc, tout est bien. Autre docteur… Daumas, qui sort d’ici et qui constate la même amélioration dans sa partie à lui. Ce qui m’a permis de le prier de me donner sa note de quoi il a paru surpris et confus. Du reste, nous verrons s’il y a lieu de renouveler^a la demande. En attendant nous sommes en règle vis-à-vis de lui dans tous les cas.

3 h. ¼

Toi aussi, mon grand bien-aimé, tu as l’air bien fatigué aujourd’hui. L’étonnant serait que tu ne le fusses^b pas après tout ce que tu fais. L’important est que tu conserves inaltérable cette belle santé qui fait ma sécurité et mon bonheur. Je n’ai pas pensé tout à l’heure à te demander si tu étais sûr^c que Louis Blanc viendra dîner ce soir ? Cependant la chose est bonne à savoir à cause du nombre qui, je le crains, dépassera de beaucoup notre chiffre le plus élevé de 14. Tu viens juste à point pour m’ôter le petit souci que j’avais de te croire fatigué. Quant à Louis Blanc, il viendra ou il ne viendra pas ; grâce à la bonne grâce de la Petite Jeanne toutes^d les mauvaises chances seront conjurées dans tous les cas. Maintenant je vais m’occuper sérieusement de regrimper sur ma bête pour pouvoir aller avec toi dimanche prochain à la cérémonie de Ledru-Rollin [1]. Il faudra que ce soit bien impossible pour que j’y renonce parce que je t’adore et que je ne suis heureuse qu’avec toi.

BnF, Mss, NAF, 16399, f. 49
Transcription de Chantal Brière

a) « renouveller ».
b) « fusse ».
c) « sûre ».
d) « toute ».