Paris, 29 janvier [18]78, mardi soir, 2 h. ½
Je viens d’écrire à Paul Foucher et à Mlle Weldon mais je ne me sens pas de force à répondre pour toi à Pène-Sieffert [1]. Lequel, d’ailleurs, me semble appuyer un peu trop sur la chanterelle [2] de ses beaux-parents. Cette corde sensible qui ne résonne que pour les préfectures me laisse tout à fait indifférente. Il n’est pas jusqu’au citoyen Alcide Lemaire qui ne se croie obligé de réclamer ma PUISSANTE protection auprès de toi. Pauvre bonhomme ! Autant vaudrait pour lui le BON BILLET qu’à La Châtre [3]…..a « Lequel vaut mieux, Seigneur ? » [4]. That is the question dont la différence ne vaut pas une épingle. Sans compter qu’il faut songer, après avoir mangé les derniers faisans de Mme la comtesse de Courtenne hier sans elle, lui faire manger du veau avec toute sa famille en notre illustre compagnie au plus tard vendredi prochain jour des Calonne [5] et des Weldon : n’est-ce pas ton avis ? En attendant ta réponse je me fais une joie d’avance de renverser ma marmiteb [6] lundi prochain. Le bonheur sera complet si nous pouvons nous régaler le même soir d’un morceau d’Hernani [7]. Je t’aime.
BnF, Mss, NAF, 16399, f. 26
Transcription de Chantal Brière
a) Juliette note cinq points de suspension.
b) « marmitte ».