Guernesey, 16 décembre 1856, Sainte Adélaïde, mardi soir, 5 h.
Heureux présage, mon bien-aimé, ta chère enfant a été tout à fait bien, relativement, le jour-même de sa fête. Encore quelques jours de patience et de confiance et toutes vos douloureuses inquiétudes seront changées en joie. J’en ai la conviction car il me semblait tantôt que je voyais poindre sur ton beau front la douce lueur de la guérison de ta fille adorée. Quant à moi, la tranquillité et le bonheur de ma vie sont si intimement liés aux tiens que je souffre autant et peut-être plus que toi-même dès qu’ils sont troublés par une cause quelconque. Aussi, si mes prières sont entendues de Dieu, jamais ta fille n’aura passé une meilleure nuit que celle que nous commençons. En attendant, je suis si heureuse de cette journée si calme et si pleine de douces espérances que je voudrais remercier tous ceux qui, de loin ou de près, directement ou indirectement, ont pris part à vos tourments et qui se sont dévoués à soigner cette chère petite bien-aimée. C’est pour cela que je veux remercier ce brave et bon docteur à travers sa petite belle-sœur qu’il aime très tendrement. Je suis sûre que ma reconnaissance lui sera doublement agréable en passant par Mme Préveraud ; Quant à toi, mon bien-aimé, je te donne tout, et mon cœur et mon âme par-dessus le marché.
Juliette.
Bnf, Mss, NAF 16377, f. 284
Transcription de Mélanie Leclère, assistée de Florence Naugrette