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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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17 mai 1856

Guernesey, 17 mai 1856, samedi après-midi, 3 h.

Il paraît que tu es arrivé à temps pour le déjeuner, mon bon petit homme, et je le regrette parce que cela t’aurait forcé à venir demander ta vie chez moi. AUTREFOIS tu savais bien trouver des occasions de me faire des surprises agréables, et le DÉJEUNER, en particulier, qui revenait fréquemment, était pour moi le synonymea de BONHEUR. AUJOURD’HUI déjeuner, souper, dîner, coucher, tout a la même signification : RIEN, RIEN, RIEN, aussi ce maigre régime est loin de satisfaire à tous les besoins de mon cœur affamé et je le sens bien souvent prêt à tomber en défaillance. Taisez-vous, vilain monstre, car je ne ris pas du tout. Je crois même que je suis très malheureuse. Pour sortir de cet ordre d’idées peu aimable je vous demande ce que vous pensez de ce bail retrouvé à propos ? Quant à moi cela me délivre d’un grand ennui, celui de le croire perdu. Maintenant il faudrait en user le plus tôt possible pour que la propriétaire soit alléchée par l’espoir de louer l’appartement avant l’hiver tout en ayant le temps de la faire remettre à neuf. Du reste la clause de la NON réparation n’est pas aussi affirmative que je le croyais, il n’est seulement question que des papiers mais il y a encore bien d’autres choses sur lesquelles elle pourra me chicaner comme les plafonds et les boiseries percés et arrachés par les clous. Il faudra que Jourdain si c’est lui qui se charge de la négociation de la rupture de mon bail se fasse donner décharge de toutes réparations, quelles qu’ellesb soient, si c’est possible car on courrait risque d’être écorché vif sous ce prétexte élastique. Mais je te dis là des choses que je te rabâcherai probablement bien des fois d’ici à la [conclusion  ?] quand j’ai tant de tendresse, de baisers et d’amour à te donner. Il est vrai qu’un mot suffit : je t’aime.

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 149
Transcription de Chantal Brière

a) « synonime ».
b) « quelqu’elles »

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