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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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28 mars 1856

Guernesey, 28 mars [1856], vendredi soir, 9 h.

Je te pardonne l’injure imméritée que tu m’as faite tout à l’heure, mon vilain petit homme, et je ne trouve pas de meilleure punition ou de meilleure défense, ce qui est plus juste, contre ce genre d’offense que de t’aimer encore davantage. Tu as beau faire, mon pauvre trop aimé, je t’aimerai exclusivement passionnément, chastement, purement et saintement jusqu’à mon dernier soupir, sans détourner un instant mes yeux, ma pensée, mon cœur et mon âme de ta contemplation, même quand j’achèterai des souliers chez la mère Gillet. En attendant me voilà seule et triste pour vingt-quatre heures ou à peu près. Je ne sais pas quand mon tour viendra d’entrer en possession de ta personne, chair et âme, sang et cœur, mais je trouve que ma continence forcée comme bonheur dure depuis bien longtemps et je suis bien impatiente de la voir finir, si tant est qu’elle doive jamais finir pour moi. Cher adoré, il fallait bien que je laisse échapper cette plainte et ce regret de t’avoir vu si peu aujourd’hui. Maintenant je vais te donner un petit bonsoir bien doux et bien tendre, bien résigné et bien cordial. Amuse-toi, pense à moi, ne t’enrhume pas et viens dès que tu le pourras. Je t’aime, c’est la compagnie dans laquelle je me plais le plus et où je vis tout naturellement.

Juliette

BnF, Mss, NAF, 16377, f. 100
Transcription d’Élodie Congar assistée de Chantal Brière

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