Vendredi, 4 h.
[Vendredi 9 août 1833] [1]
Vous ne viendrez pas encore aujourd’hui, je le vois bien – Quand vous êtes longtemps sans me voir, mon bien-aimé – n’oubliez pas la pauvre femme qui s’ennuie prodigieusement de votre absence – Dépêchez-vous donc de noircir bien du papier – pour revenir plus vite auprès de moi – de moi – qui vous aime de toutes les puissances de mon âme –
Ma mère est malade [2] – Je crois deviner la cause de sa maladie – Je crois qu’elle a besoin d’argent pour déménager – Je vais aller de ce pas chez Mme Delaunay pour tâcher d’emprunter encore 100 francs sur mon meuble –
Je te dis tout cela, mon bien-aimé, pour te dire tout ce que je fais – mais je ne veux pas que cela t’inquiète le moins du monde – Adieu chère âme – compte sur moi – comme je compte sur toi – J’aurai du courage et de la persévérance – Je t’aime tant –
Juliette
Je vais de suite quai Voltaire [3].
[Adresse]
5e
M. Victor
BnF, Mss, NAF 16322, f. 52-53
Transcription de Jeanne Stranart et Véronique Cantos assistées de Florence Naugrette