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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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8 novembre [1838], jeudi matin, 8 h. ¾

C’est aujourd’hui le grand jour mon Toto, c’est aujourd’hui l’épreuve des fidèles et des fervents [1]. J’espère, et même je suis sûre, que personne ne fera défaut, moi en tête.
Pauvre ange adoré, mon bon génie, mon amour, j’ai le cœur bien serré mais les mains de tout le public ne le seront pas, et battront aussi fort que lui. Il est impossible d’ailleurs, que ce beau soleil et cette ravissante matinée n’annoncent pas une brillante et victorieuse soirée, quelle que soit l’issue de la bataille, je ne pourrai jamais t’admirer ni t’aimer mieux qu’à présent.
Si tu étais là, je baiserais tes pieds avec tout le respect et toute l’adoration qu’on doit à l’homme divin et à l’homme bien aimé. Je ne sais pas si je ne dis pas des choses extravagantes, mais j’ai la fièvre de ce soir, et l’ivresse de l’amour qui me galopenta et me font délirer. D’ailleurs on me tremperait dans la glace et dans la chute que je n’en brûlerais pas moins pour toi, mon beau génie, d’une admiration sans borne et, pour vous mon cher petit amant, d’un amour sans fin.
J’ai vu Lanvin ce matin, je lui ai remis les douze places, si tu as besoin d’en placer demain, il sera là. J’ai écrit une petite lettre à Mme Kraft, et une grande à vous, je suis parfaitement en règle maintenant. Je vais tâcher de prendre un bain, et de me peigner, en attendant je prends du thé, parce que mon souper ne me passe pas, que je me suis couchée à 4 h. du matin et levée à huit, et que je n’ai pas dormi deux heures en tout.
Jour mon petit o. SOIR MON GRAND VICTOR, papa est bien i, Victor est le plus grand des hommes. J’aime mon Toto. J’admire mon Victor. J’adore mon petit homme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16336, f. 130-131
Transcription d’Élise Capéran assistée de Florence Naugrette

a) « galope ».

Notes

[1Le soir a lieu la première de Ruy Blas au Théâtre de la Renaissance.

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