Guernesey, 30 août 1857, dimanche, 2 h. après-midi
Sois tout à tes hôtes [1] encore aujourd’hui, mon cher bien-aimé, mais pense un peu à moi qui t’aime à plein cœur dans mon petit coin. Réményia est venu pour me voir avec sa sœur tout à l’heure mais je n’ai pas pu les recevoir parce que je n’étais pas habillée. Il m’a écrit un mot de regret très aimable dans lequel il m’offre SON VIOLON. Ça n’est pas de refus comme accompagnement à la CRÉMAILLIÈRE s’il est encore ici à ce moment-là, si cela te convient bien entendu. En attendant c’est demain que nous commençons à jouer de la tenture, mon pauvre petit homme, heureusement que le départ de P. Meurice te permettra de me donner un peu plus de temps. Je ne parle pas de l’arrivée de Mauger qui ne peut être dans tous les cas qu’un accessoire plus ou moins utile. Je voudrais que ce fût déjà fini pour n’avoir plus à t’en occuper, mon doux adoré, car je sens que cela doit être pour toi un surcroît de fatigue et d’ennui bien agaçant. Si de t’aimer de toute mon âme peut te paraître un dédommagement à tous les tracas que je te cause, je [t’aime], mon Victor, plus encore si c’est possible que je ne t’ai jamais aimé.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 166
Transcription de Chantal Brière
a) « Réminiy »