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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 mai 1857

Guernesey, 16 mai 1857, samedi soir, 7 h ½

Je ne sais pas encore par quel bout prendre mon cœur, mon pauvre bien aimé, tant il est meurtri de tous les côtés de mes propres coups. Cependant, j’ai besoin d’en extraire un peu de ce qu’il contient dussé-jea le faire souffrir en y touchant du bout de ma plume.
Je t’aime, mon Victor, avec toutes les pudeurs et toutes les chastetés d’une vierge. Je t’aime comme si déjà la mort avait épuré et sacré mon âme. Je t’aime comme les anges aiment Dieu. Je t’aime dans toute l’acception de ce mot sur la terre et dans le ciel. Aussi quand tes soupçons profanent cet amour si saint et si sublime, tout mon être se révolte comme devant la plus odieuse impiété. Devant cette jalousie sans prétexte et sans fond, mon âme s’indigne et s’effarouche comme si quelque oiseau de proie du démon la poursuivait. De là tous ces battements d’ailes du désespoir qui t’étonnent plus qu’ils ne t’attendrissent. De là aussi cette fatigue et ce découragement de la vie qui te paraissent exagérés parce que tu ne peux pas savoir combien je souffre.

BnF, Mss, NAF 16378, f. 84.
Transcription d’André Maget assisté de Florence Naugrette.
[Souchon, Massin, Blewer]

a) « dussai-je ».

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