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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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29 mars 1857

Guernesey, 29 mars 1857, dimanche soir, 7 h.

Oubliea que j’ai été méchante et injuste envers toi tout à l’heure, mon pauvre doux adoré, et ne te souviens que de mon amour qui est plus profond que jamais dans mon cœur et dans mon âme. Je souffre souvent sans savoir comment ni pourquoi, mais cela ne m’empêche pas de t’aimer, de t’admirer, de te vénérer et de t’adorer de toutes mes forces. Depuis que tu es parti, je suis tourmentée de la pensée que mon petit accès de déraison de ce soir a pu t’attrister et j’en suis bien malheureuse. J’attends avec impatience que tu reviennes pour te demander mon pardon à genoux et avec toutes sortes de tendresses. Pauvre cher adoré, je suis vraiment bien coupable si j’ai pu te causer un moment d’ennui, moi dont le devoir et le bonheur seraient de te faire oublier toutes les tracasseries de cette vie à force de câlins, de douceur, de gaieté, de sérénité et d’amour. Et pourtant, Dieu sait si je t’aime et si je pourrais vivre seulement une heure loin de toi. Aussi il n’y a pas de danger que je persiste dans mes accès de stupidité qui me viennent je ne sais d’où et que je voudrais ne pas te montrer tant je suis convaincue d’avance de leur injustice. Pardonne-moi cette dernière folie qui prouve que je t’aime et viens quand tu peux, j’en serai toujours heureuse et reconnaissante.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16378, f. 53
Transcription de Anne-Lise Narvaez assistée de Florence Naugrette

a) « oublis ».

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