Guernesey, 6 janvier 1857, mardi soir, 5 h. ½
C’est tout ce que vous me donnez aujourd’hui pour beurrer ma restitus : [6 ?] minutes en 24 heures ! Merci, je ne m’étonne plus qu’elles soient si rassises, les restitus, et si sèches, on le serait à moins ; sans compter que vous me les laissez pour mon compte, ces mêmes restitus, et que vous ne les emportez que contraint, forcé, sommé et assommé par moi quand le tas devient par trop encombrant sur la voie des [illis]. Du reste vous savez que je m’importe peu du malheur du Sibour [1] et que je laisse les prêtres [illis.] entre euxa puisque cela les régale, telle est ma philosophie clergicale. Malheureusement je ne suis pas aussi ferrée pour ce qui me concerne personnellement et j’entrevois avec horreur l’avenir peu amusant que me prépare votre tabagie de famille. Rien que d’y penser je sens un crêpe d’ennui et du découragement envelopper mon âme et mon cœur. Ce qui ne m’empêche pas de reconnaître que ce nouveau programme d’existence intérieure est utile à tous les points de vue, ce qui me donnera j’espère la force et la résignation de me conformer à la maussaderie lugubre de ma destinée. Sur ce je te baise en rose et avec toutes les herbes de la plus folâtre gaietéb.
Juliette
BnF, Mss, NAF 16378, f. 4
Transcription de Chantal Brière
a) « entr’eux ».
b) « gaité ».