Paris, 21 décembre [18]73, dimanche, midi ¾
J’espère, mon grand bien-aimé, que les inquiétudes que te causea en ce moment le petit temps d’arrêt dans la convalescence de ton cher fils [1] ne tarderontb pas à se dissiper en même temps que la crise qui les a produites. Il est bien difficile qu’après une si longue maladie la convalescence ne soit pas troublée quelquefois par des causes obscures mais sans gravité réellec pour le pauvre patient qui soupire après la santé. Et c’est ici le cas, d’après l’opinion même des médecins qui soignent avec tant de sollicitude ton cher Petit Victor depuis quinze mois. Je sens que tu te tourmentesd, mon pauvre adoré, et j’en ai le cœur serré et navré plus que je n’ose te le montrer. Je donnerais tout au monde pour t’épargner une seule minute d’angoisse au sujet de ton cher et bien-aimé fils, c’est pourquoi, mon pauvre adoré, je souffre tant de mon impuissance à le guérir. Je demande à Dieu de ne pas prolonger plus longtemps tes inquiétudes et les miennes en faisant cesser tout de suite la crise qui fatigue ton pauvre enfant. J’espère que Mariette nous rapportera des nouvelles rassurantes tout à l’heure qui rendront le calme et la confiance à ton cher grand cœur et au mien.
BnF, Mss, NAF 16394, f. 353
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « causent ».
b) « tarderons ».
c) « réelles ».
d) « tourmente ».