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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 20 novembre [18]73, jeudi matin

Je fais faire silence autour de toi, mon grand bien-aimé, pour que tu tâches, à défaut d’une bonne nuit, d’avoir une bonne matinée de sommeil. Je t’ai entendu toussailler bien souvent et comme si tu étais éveillé, ce qui me fait croire que tu as eu beaucoup d’insomnie ; si je me trompe, tant mieux, et Dieu soit béni. Il fait très froid ce matin et c’est à grand peine que j’alignea mes pattes de mouche tremblotantesb. En revanche, tu as un fort poulet juché sur des ergots qui me font peur. Il est là qui t’attend, pendant que de mon côté je couve un projet qui nous mette tous les deux d’accord une fois pour toutes. Il suffit pour cela que tu aies le courage de ton opinion et de ton poulailler. Quant à moi, j’ai le courage de la mienne, qui consiste à aller vivre dans le coin le plus éloigné de ton perchoir. Le respect humain auquel tu crois ne vaut pas la contrainte que tu t’imposesc et le chagrin qu’il me cause. Essayons de nous en délivrer et je suis sûre que tu m’en remercieras avant très peu de temps. En attendant je renonce à m’immiscerd plus longtemps dans tes affaires féminines. Dès aujourd’hui je me désintéresse de ta papillonne. J’ai bien assez à m’occuper à bien mourir.

BnF, Mss, NAF 16394, f. 324
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette

a) « alligne ».
b) « tremblottantes ».
c) « impose ».
d) « imiscer ».

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