Guernesey, 1er juillet [18]73, mardi matin, 8 h. ½
Cher grand et ineffable bien-aimé, mes yeux, mon cœur, mon âme sont en quêtea de toi, de ta nuit et de ta santé. Jusqu’à présent aucune indication visible ne m’est donnée mais je seraib bien heureuse si tu as passé une vraie bonne nuit. En attendant j’assiste aux préparatifs du départ de cette pauvre Blanche, non sans émotion, bien que j’aie, ou que je croie avoir, ce qui est la même chose, beaucoup de raisons pour ne pas m’attrister de son départ [1]. Elle-même au reste a souhaité s’en aller et en ce moment sa figure rayonne la joie. Je souhaite sincèrement et de tout mon cœur qu’elle trouve à Paris le bonheur qu’elle espère et auquel elle a droit, et si même il m’était donné d’y contribuer je le ferais avec empressement et avec plaisir, pourvu que ce ne soit pas au détriment de mon propre bonheur. Cela posé, je prie Dieu de la protéger et de la bénir comme je le prie de te protéger et de te bénir et de me laisser vivre et mourir à tes côtés…
BnF, Mss, NAF 16394, f. 196
Transcription de Manon Da Costa assistée de Florence Naugrette
a) « quêtes ».
b) « serais ».