Paris, 23 mai [18]77, mercredi matin, 11 h. ½
Je ne demande pas mieux que de déjeuner avec toi dans ma chambre, mon grand bien-aimé, car nous y serons plus près l’un de l’autre que dans la salle à manger. De ton côté, mon cher petit homme, tu serais bien gentil de ne pas trop faire languir mon estomac qui bat la chamade dès que midi arrive, c’est-à-dire dès à présent. Cependant je ne veux pas t’en faire une scie et pour peu que cela te dérange dans ton travail, je mangerai en t’attendant. A propos de manger, je serais bien contente le jour où nous serons délivrés de l’empereur [1] Damoclès qui pend au-dessus de notre rôti depuis hier. Jusque là je me sens gênée à mes entournures de démagogue. Heureusement que cette anxiété ne peut pas se prolonger longtemps, laquelle d’ailleurs ne m’empêche pas de t’adorer a giorno.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 139
Transcription de Guy Rosa