Paris, 4 juin [18]77, lundi matin, 11 h. ½
Vénus elle-même sortant de l’onde amère ne pourrait pas damer le pion ce matin à madame Juju sortant de son bain au sel de Vannes. Croyez cela et buvez du vin tant que vous voudrez, et même beaucoup d’eau si vous tenez à garder votre centre de gravité. Quant à votre sifflet, il n’entre pas dans mes habitudes de le couper à personne, c’est pourquoi j’ignore absolument où est passé le vôtre, de sifflet. Cependant je vais le faire chercher par Mariette qui, seule, peut en avoir eu connaissance et savoir ce qu’il est devenu. Après tant de coq-à-l’âne plus ou moins mal réussis, j’espère me rattraper tantôt dans notre bonne petite promenade d’une heure. Je fais force de voile et de rame à cette intention et je t’adore que c’en est une bénédiction au ciel et sur la terre autant que dans mon cœur. C’est bête comme tout ce que je te dis là [1], mais c’est bien vrai et bien bon : je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 150
Transcription de Guy Rosa