Paris, 21 avril 1880, mercredi matin, 8 h.
Cher bien-aimé, je me suis INDULGÉE d’une très bonne nuit ainsi que nous en étions convenus hier au soir avant d’entrer dans nos lits. J’espère que tu as tenu, comme moi, cette mutuelle promesse de ton côté. Je me suis déjà renseignée de l’ordre du jour du Sénat demain, jeudi, le voici : à deux heures – réunion dans les bureaux. Organisation des bureaux etc. etc.
À trois heures – séance publique. Deuxième délibération ayant pour objet la reconstitution des registres de l’état civil de l’arrondissement des Andelys. M. Paulmier rapporteur. Plus le résultat du tirage des bureaux du Sénat par ordre alphabétique d’où il résulte que tu fais partie du quatrième bureau. Pour plus amples et plus certains renseignements, je te porterai les deux feuilles qui les contiennent [1]. Maintenant, mon cher bien-aimé, en l’absence de notre cher groupe de là-haut [2] ce soir au dîner, je prends sur moi, non de les remplacer, ce qui n’est pas possible, mais de faire occuper leurs quatre places vides à ta table par les deux Lesclide, Talmeyrb [3] et Gassier qui s’adjoindronta aux excellents Allix et à ton cher Paul Foucher. Ai-je bien fait, CHER MAÎTRE ? J’espère que oui. En attendant ton verdict, je te fais remarquer que le temps est absolument venu de remplacer ton pantalon et ton gilet, tu ne vas pas montrer le dessous de ta feuille de vigne. J’ai dit. Et j’ajoute encore ceci : je t’adore.
[Adresse]
Monsieur Victor Hugo
BnF, Mss, NAF 16401, f. 107
Transcription de Blandine Bourdy et Claire Josselin
a) « s’adjoindrons ».
b) « Talmeir ».