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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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16 août [1845], samedi matin, 9 h.

Bonjour, cher adoré, bonjour, mon bon ange, bonjour, mon doux aimé, mon ravissant petit homme, bonjour, comment vas-tu ce matin ? Ta douleur de côté a-t-elle disparua ? J’ai pris un bain tout à l’heure pour te laisser le champ libre dans le cas où M. Louis te permettrait t’en prendre un aujourd’hui. Le temps paraît être un peu radouci, il y aurait moins de danger pour ton rhume. Merci, mon Victor adoré, pour la douce et sainte parole que tu m’as dite hier au soir. Merci du fond du cœur. Je te promets de faire tous mes efforts pour ne pas te fatiguer et te préoccuperb de mes tristesses insurmontables tout le temps que tu travailleras. De ton côté, mon doux bien-aimé, il faut ne pas prendre garde à ce qui sera au-dessus de mes forces. Je sais que tu m’aimes, ce ne sera donc pas du mécontentement contre toi que j’aurai. Tu sais que tu fais tout ce que tu peux, ton travail étant donné, pour venir me voir et rester quelques instants avec moi. Tu n’as donc aucun reproche à te faire. Sois tranquille, mon Victor adoré, je ne t’accuserai pas, je t’aimerai et je tâcherai d’être geaie dans les courts moments que je serai avec toi. Je serai bien heureuse si je te vois tantôt. D’ici là, je vais te désirer et t’aimer de toutes mes forces. Je t’adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16360, f. 156-157
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « disparue ».
b) « te préocuper ».


16 août [1845], samedi après-midi, 4 h. ¼

Je suis ici, mon Toto chéri, je pense à toi, je te désire, je t’aime et je t’adore. Je pensais que tu viendrais peut-être prendre un bain et je me suis dépêchéea de faire mes affaires pour être prête quand tu viendrais. L’heure avancée me fait croire que ce ne sera pas encore pour aujourd’hui, à moins que tu n’aies préféré le prendre chez toi ? Dans tous les cas, mon bien-aimé, je me rends la justice, qu’à l’adresse près, personne ne pourrait te donner des soins avec plus de cœur et de bonheur que moi.
Comment vas-tu, mon cher petit homme ? Ce froid ne te rend pas plus souffrant j’espère ? Je voudrais bien te voir, ne fût-ceb qu’une minute, pour savoir comment tu vas. En attendant, je te souris et j’ai bien soif. Tu vois que je suis très obéissante, c’est qu’avant toute chose, je tiens à ce que tu sois content. Je suis trop malheureuse quand je crois que tu es fâché. Tu sais que je n’ai jamais pu supporter le moindre signe de mécontentement sur ta chère petite figure. Aussi pour te plaire, je suis geaie comme un chien. Je le serais bien plus encore si tu étais auprès de moi. Mais je sais que tu ne peux pas venir, tu me l’as dit hier, mon cher petit, je ne m’en souviens que trop. Je me souviens aussi que je t’ai promis d’avoir du courage et je tiendrai parole, si c’est possible. Pour m’y aider, je pense à tout ce que tu m’as dit hier de doux, de tendre, de persuasif et de charmant. Je relis tes adorables lettres. Je m’entoure et je m’imprègne de toi le plus possible et puis j’espère que je te verrai un peu ce soir. Je t’adore, mon Victor, tu es ma vie et ma joie.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16360, f. 158-159
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « je me suis dépêché ».
b) « ne fusse ».

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