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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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24 avril [1838], mardi matin 9 h. ¾

Bonjour mon petit homme, bonjour mon pauvre petit negre blanc. Il est donc dit que tu travailleras toutes les nuits et tous les jours sans interruption. Ce n’est pas à moi à me plaindre, n’est-ce pas, et cependant je me plains de toutes mes forces et je nous trouve aussi malheureux l’un que l’autre. Seulement moi j’ai moins de courage que toi et plus je t’aime, plus voilà le fait. Jour mon Toto. Comment que ça va mon amour ? et vos yeux, vos chers yeux, comment vont-ils ? Je voudrais les baiser et les rebaiser, ça n’est plus possible à présent. Je vais me lever comme hier et m’habiller tout de suite dans le cas où le Jourdain viendrait mais je ne le crois pas. Je serai toujours prête et si tu veux me faire sortir et que cela ne te gêne pas, je n’aurai que mon chapeau à mettre. La mère Pierceau m’a prévenue qu’elle sortait demain et après et que je serais très gentille si tu m’y menais aujourd’hui. Je te dis cela sans intention mauvaise et pas du tout pour vous influencer. Si vous travaillez et si ça ne vous gêne pas, vous le ferez, sinon non. Je m’en fiche, je resterai chez moi à vous attendre et je ne vous en aimerai pas moins, au contraire, puisque tout m’est bon pour vous aimer davantage. Jour mon petit o, jour mon grand o. Je vous adore.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 72-73
Transcription de Mathieu Chadebec assisté de Gérard Pouchain


24 avril [1838], mardi soir, 5 h. ½

C’est donc bien amusant, mon Toto, de me faire attendre toujours inutilement, que tu me promets toujours que tu vas revenir tout de suite et que tu ne reviens jamais que beaucoup d’heures après cette promesse ? Si cela t’amuse, moi cela m’attriste, ce qui complètea le charme de ce genre de distraction. Peut-être que Granier sera venu à point nommé comme tu rentrais ? ou que Dédé ou ta chatte t’auront retenu par le charme de leur conversation ? Enfin quelle queb soit la raison il est certain qu’excepté les quelques minutes que tu me donnes chaque jour, tu n’as pas de plus grand bonheur que de me fuir. heureuse femme que je suis. Bonjour mon Toto, bonjour mon charmant Toto. Je ne te demande pas à quelle heure on te couche puisque tu ne te couches jamais. Je pourrais par exemple te demander à quelle époque de ta vie tu tiens tes promesses, mais cela pourrait t’embarrasser et je m’en dispense. Bonjour mon Toto, tu es de plus en plus i et je t’aime de toute mon âme.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16334, f. 74-75
Transcription de Mathieu Chadebec assisté de Gérard Pouchain

a) « complette ».
b) « quelque ».

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