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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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26 avril [1844], vendredi matin, 9 h.

Bonjour mon bien aimé Toto, bonjour mon ravissant petit homme, bonjour je t’aime de toute mon âme, comment vas-tu ce matin, mon cher amour, es-tu moins triste que cette nuit ? J’ai hâte de te voir, mon Toto, pour savoir si tu ne souffres pas et si tu n’as pas de chagrin. Je te baiserai bien, je te caresserai bien, je t’aimerai bien. Ô oui, je t’aimerai bien, et plus que bien et plus que de toute mon âme. Tâche de venir, mon ravissant petit Toto, cela m’ôtera l’inquiétude de te savoir triste et cela me donnera de la joie pour toute la journée. Il fait un temps idéal. Je ne me souviens pas avoir vu un aussi beau printemps que celui-ci, c’est bien dommage que nous n’en puissions pas profiter ensemble. Quel bonheur ce serait d’être ensemble dans un des coins de la Forêt Noire avec deux mois de liberté devant nous. Quand je pense à cela, j’ai mon pauvre cœur qui se serre et je pleure malgré moi. Tu es mon Toto bien aimé. Je ne veux pas T’ATTRISTER de mes tristesses, tu en as bien assez de celles que te donnenta tes parents et tes amis. Tâche de venir, mon Victor, et je serai la plus heureuse des femmes. En attendant, je te désire de toutes mes forces.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 81-82
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) « donne ».


26 avril [1844], vendredi après-midi, 4 h. ³∕₄

Je t’ai bien peu vu, mon Toto chéri, pas assez pour y goûter même, mais enfin, je t’ai vu, c’est beaucoup puisque tu aurais pu ne pas venir du tout. Merci donc, mon beau bien-aimé, merci de ton apparition. J’ai l’espoir que tu viendras un moment avant ton dîner et cela me fait prendre mon mal en patience. Tâche que mon espoir ne soit pas trompé.
À propos, j’ai bien envie de garder la grenouille pour m’en faire un bon bouillon en remplacement de la soupe que tu me dois. Qu’en dis-tu ? Cette idée n’est point du tout saugrenue et me sourit aux éclats. Voime, voime, mamzelle Chichi, il a tes ponnes itées, je affre enfie te lui tonner mon betit brénon za lui vera tu pien [1] ; merci, Toto, j’accepte. Merci grand homme, merci Génie, merci Dieu. Je liche tes sacrées BAUTTES, merci, merci. Vive Totoooooooooooa. Je te permets même de me baiser par-dessus le marché, pour peu que tu en aies la moindre envie. On n’est pas plus reconnaissante comme tu vois.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16355, f. 83-84
Transcription de Mylène Attisme assistée de Florence Naugrette

a) 11 « o » courent jusqu’au bout de la ligne.

Notes

[1Imitation de l’accent allemand pour « Mademoiselle Juju, elle a des bonnes idées, je avoir envie de lui donner mon petit prénom, ça lui fera du bien. »

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