Lundi matin, pendule arrêtée
20 juillet 1835a [1]
Bonjour, mon amour, tu n’es pas venu ce matin et moi qui comptais tant t’embrasser la première sur tes deux joues de Saint Victor, je suis bien attrapéeb, et par conséquent fort triste. Je ne t’en veux pas, quoiqu’il me soit démontré que tu aurais pu faire autrement, mais je pense et je crois que tu m’aimes moins que je ne t’aime, ce qui redouble ma tristesse.
Vous allez recevoir tant de compliments de toutes sortes aujourd’hui, des cadeaux magnifiques. Moi, je ne vous donnerai rien, car ce n’est rien vous donner que de vous aimer comme je le fais. Vous ne vous en apercevez pas ou si vous vous en apercevez, vous n’en faites pas un grand cas comme le prouve trop bien votre absence de ce matin.
Tenez mon Toto, je suis bien triste de votre absence de ce matin, encore plus que les autres jours, car pour moi, c’était jour de fête. Je suis un peu souffrante aussi, mais cela ne serait rien si tu étais venu.
Je vais me lever sans savoir l’heure qu’il est car ma pendule est arrêtée. À tantôt, donc. Tu me diras comment tu veux que la robe soit apportéec.
Je t’aime avec mon pauvre cœur triste. Ta Juliette [illis.]
BnF, Mss, NAF 16324, f. 128-129
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette.
b) « attrappée ».
c) « apporté ».