Lundi, 8 h. ½ du soir
Je crois toujours avoir une nouvelle à t’apprendre, et cette nouvelle, c’est que je t’aime ; je ne sais pas comment cela se fait, mais il me semble que je t’aime tous les jours davantage.
Arrange-toi pour me comprendre, puisque je ne sais pas dire autre chose que ce que je sens. Je t’aime. Je ne saurais rien tirer de moi que ce mot-là. Je t’aime. Hors de mon amour, je suis stupide, surtout quand tu n’es pas là, parce que la tristesse de ton absence m’ôte le peu d’esprit que je pourrais avoir si tu étais près de moi. Il ne me reste donc que de l’amour, dont je ne suis pas avare, parce que plus je t’en donne et plus il m’en reste. C’est comme ça. Je t’aime.
Juliette
[Adresse :] :
À toi
BnF, Mss, NAF 16324, f. 67-68
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette