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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1835 > BnF, Mss, NAF 16324, f. 7-8

Samedi à midi

Mon pauvre cher blessé, les nouvelles qu’on m’a rapportéesa de toi ce matin ne sont pas de nature à me rassurer pour le reste de la journée. Tu es donc bien faible et bien souffrant encore, mon Victor bien-aimé ? Hier, pendant que j’avais l’odieuse méchanceté de te tourmenterb, toi, tu avais le courage de me cacher tes souffrances, d’en dissimuler le danger. Tiens, je ne sais à quoi il tient que je ne me casse pas la tête sur le pavé de la rue, je me suis en horreur à moi-même, je me déteste, je me veux tout le mal qui m’arrive. Tu souffres, toi, pauvre enfant, mais tes souffrances, onc peut les adoucir, ton mal ne durera qu’un temps. Tandis que moi, ce sont des souffrances incurables qui dureront autant que mon âme - Je suis jalouse - Cette jalousie, qui dans nos jours heureux n’est qu’une légère tache dans notre beau ciel bleu - devient quand nous sommes séparés, un gros orage noir qui confond tout dans mon cœur et ma tête - Je souffre, je deviens folle, je voudrais mourir ou m’en aller bien loin - Mon Dieu, que deviendraisd-je si tes douleurs te retenaient plusieurs jours chez toi ? Je ne sais pas ce que je ferais - Je suis tentée de m’enfuir - n’importe où - Je ne te suis bonne à rien - Je suis sûre que je t’inspire de la peur et du dégoût quand je me montre à toi sous l’aspect d’hier au soir -
Oh ! je suis bien à plaindre.

BnF, Mss, NAF 16324, f. 7-8
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette

a) « rapporté ».
b) « tourmenté ».
c) « ont ».
d) « deviendrai ».

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