Jeudi matin, 10 h. ½
(mai-juin 35)a
As-tu bien dormi, mon cher petit Toto ? Tes pauvres yeux se sont-ils un peu reposés ? Je suis bien inquiète chaque fois que je pense à ce que tu fais. Je crains que tu ne tombes malade, je suis bien tourmentée, va.
Je viens de consulter le temps qui me paraît très satisfaisant pour notre recetteb de ce soir. Je désire bien y aller avec toi [1]. Tu vois que je ne suis pas difficile sur le choix des places, et que je perche [2] assez volontiers. Quantc au régime prescritd par le médecin, je ne pense pas qu’il s’y oppose, parce que, d’abord, je vais mieux aujourd’hui, mais beaucoup mieux, ainsi pas d’empêchemente de ce côté-là. Je vais me recoucher, je me suis levée pour toutes sortes de choses… que vous n’avez pas besoin de savoir, vilain curieux. Pendant ce temps, on a fait mon lit et je vais m’y refourrerf jusqu’à ce soir, d’où je ressortirai radieuse et triomphante pour aller applaudir notre Angelo. D’ici là, je vous verrai, j’espère. En attendant, je vous baise partout sans exception aucune. Je vous aime de toutes mes forces et bien plus encore.
Juliette
[Adresse :]
À toi mon grand Toto
BnF, Mss, NAF 16324, f. 3-4
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) Date rajoutée sur le manuscrit d’une main différente de celle de Juliette.
b) « Notre recette » est souligné trois fois.
c) « quand ».
d) « prescris ».
e) « empéchements ».
f) « refourer ».