Université de Rouen
Cérédi - Centre d'étude et de recherche Editer-Interpréter
IRIHS - Institut de Rechercher Interdisciplinaire Homme Société
Université Paris-Sorbonne
CELLF
Obvil

Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

Accueil > Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo > 1837 > Janvier > 6

6 janvier [1837], vendredi, midi ¾

Bonjour, mon bon petit homme. Je vous aime bien, beaucoup ce matin. Je croyais d’après les belles promesses que vous m’aviez faites cette nuit que vous alliez revenir. Ah ! ben ouiche on m’en souhaite et puis voilà tout. Au reste c’est bien fait, j’ai passé une très mauvaise nuit. Allez, ça vous apprendra à ne pas venir.
J’en suis bien aise et une autre fois même je crèverai pour de bon exprès pour vous punir. Il paraît qu’il dégèle jusque sur les toits. Je voudrais bien que cela parvînt jusque dans votre cœur et sous mes couvertures.
J’ai très mal à la tête et aux reins. Il est possible que je reste au lit toute la journée, ne vous ébouriffez pas si vous m’y trouvez.
Je vous aime comme tout ce qu’il y a de plus fort, de plus gros et de plus grand au monde et vous en rendez (de l’amour) comme pour un hanneton poitrinaire. C’est pas beaucoup de dessert. Quoi qu’il en soit je persiste dans mes sentiments. Je vous aime, je vous adore, je vous baise, je vous tutoie et je suis furieuse. Tu es une vieille ganache, pas autre chose.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 23-24
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette


6 janvier [1837], vendredi soir, 6 h. ¾

Mon cher adoré, j’ai attendu jusqu’à présent pour t’écrire, ne pouvant ni parler, ni respirer cependant au milieu de l’extinction de toutes mes facultés au moins physiquesa ou morales. Il y en a une qui reste vigoureuse et entière : Mon amour et qui me donne la force de t’écrire que je t’aime, que tu es ma joie, que tu es mon trésor, que tu es tout ce qui me tient à la vie dans ce monde et toute mon espérance dans l’autre.
Jour, Toto, quoique bien souffrante je veux encore [riser  ?] avec vous : Jour Oto, jour petit To, jour mon grand O. C’est bien bête d’être malade, c’est bien bon de t’aimer. Je t’aime, avec cela je nargue tous les maux de tête et autres qui me [pleuvent ?] sur le corps et quand je serai au fameux article indéfini c’est-à-dire à la mort [1] je te dirai encore, jour Toto, je t’aime mon amour, je t’aime mon ravissant petit homme, je t’aime mon grand, mon noble, mon ravissant Toto. Et je te baiserai avec la même ardeur que la première fois.

Juliette

BnF, Mss, NAF 16329, f. 25-26
Transcription d’Erika Gomez assistée de Florence Naugrette

a) « phisiques ».

Notes

[1Jeu de mots sur l’expression « être à l’article de la mort ».

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
(c) 2018 - www.juliettedrouet.org - CÉRÉdI (EA 3229) - Université de Rouen
Tous droits réservés.
Logo Union Europeenne