Paris, 1er novembre [18]77, jeudi soir, 7 h.
Je ne m’excuse pas, mon cher petit homme, de l’heure indue de mon gribouillis parce que Dieu sait que je n’aurais pas mieux demandé que de commencer ma journée par lui ce matin si je l’avais pu. Mais, pour être en retard, il n’en sera pas moins tendre pour cela, je le sens à l’émotion que j’éprouve en ce moment en pensant combien tu es bon, grand, sublime et divin. Sois béni. J’espère que tu feras une bonne petite promenade, pas trop longue, et que tu nous reviendras bientôt. En attendant, le petit chat et le gros Gavroche se livrent à toutes sortes de courses, de sauts et de trépignements. Les poires de Mme Ernest Lefèvre sont arrivées ; malheureusement, elles sont un peu trop mûres et elles ont été mal emballées, ce qui ne les empêche pas d’être encore très belles et probablement très bonnes, ce dont nous nous assurerons ce soir. Je t’adore ! aime-moi ! Je te souris ! Sois béni !
BnF, Mss, NAF 16398, f. 296
Transcription de Guy Rosa