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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 30 décembre [18]64, vendredi matin, 8 h. ½

Bonjour, mon bien-aimé, bonjour et bonheur si tu as passé une bonne nuit aussi bonne que je l’ai passéea moi-même qui n’ai fait qu’un somme en deux morceaux. Je ne sais depuis quand tu es levé mais je viens de saluer ton cher petit signal des yeux et du cœur tout à l’heure en attendant que je te donne mon bonjour en chair et en os bientôt. C’est aujourd’hui que je dois avoir la visite du curé de Marie [1], corvée dont je me serais bien passée car rien ne m’est plus antipathique que ce genre de politesse sans motif et sans but, du moins en ce qui me regarde. Mais enfin puisque j’y ai consenti, à cette corvée, il faut la faire le moins mal possible. Justement voilà Marie qui vient me dire que l’abbé ne pourra pas venir aujourd’hui et qu’il me demande la permission d’ajourner sa visite pour plus tard, ce que je fais avec joie. À propos de corvée, je te fais souvenir encore une fois que tu as ma chère petite lettre annuelle à m’écrire et que je ne t’en ferai pas grâce quand bien même tu me tirerais une langue immense et désespérée. Je veux bien que les beaux dessins me passentb sous le nez surtout quand je suis comblée de cadeaux plus beaux les uns que les autres ; mais jamais, au grand jamais, je ne renoncerai à ma chère petite LETTRE D’ÉTRENNES, fichez-vous le dans la BOULE comme le dirait MONSIEUR [Charles ?]. J’espère que nous pourrons faire une bonne promenade tantôt. Je vais me hâter de faire ton café pour être tout à fait prête à l’heure que tu voudras. En attendant je veux que tu te sentes aimé et adoré par moi d’un bout à l’autre de ma vie. Je veux que tu sois pénétré de mon amour jusque dans le fin fond de ton âme et que tu ne puisses pas plus t’en passer que de l’air que tu respiresc.

J.

BnF, Mss, NAF 16385, f. 280
Transcription d’Anne Kieffer assistée de Florence Naugrette

a) « que je l’ai passé ».
b) « les beaux dessins me passe ».
c) « tu respire ».

Notes

[1Il s’agit vraisemblablement de Mary Sixty, cuisinière très pieuse de Victor Hugo.

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