Paris, 4 octobre [18]77, jeudi matin, 9 h.
Bonjour, mon grand petit homme, je t’aime, et vous ? Quant à la santé, couci-couça, mais comme tu te portes bien je me déclare satisfaite de mon sort. Tu trouveras une lettre en allemand venue d’une librairie de Francfort et relative à l’Histoire d’un crime et une lettre de Challemel-Lacour très enthousiaste et qui revendique l’honneur d’avoir participé à la résistance contre le 2 décembre. Les autres lettres sont quelconques mais Le National et La France manquent depuis hier ; négligence dans la distribution probablement. Autre fait divers : ma pauvre cuisinière s’est cruellement brûlé la main gauche hier en faisant l’omelette au rhum. L’ennuyeux, outre sa souffrance qui est réelle, c’est la nécessité de nous faire à dîner aujourd’hui pour douze personnes. Enfin la bonne femme y apporte une bonne volonté touchante et aimable dont je lui sais très grand gré. Je l’envoie en ton nom savoir des nouvelles du pauvre Jules Simon ce matin. J’espère qu’elle en rapportera de meilleures encore que celles d’hier. En attendant, je te fais penser que tu as la traite Rousselle de 1 843 F. lundi prochain 8 octobre et une somme incalculable d’amour à me rembourser à cœur ouvert.
BnF, Mss, NAF 16398, f. 269
Transcription de Guy Rosa