Guernesey, 3 juin [18]70, vendredi matin, 5 h. ½
Cher grand bien-aimé, je t’envoie mon bonjour le plus épanoui et le plus tendre avec la pensée que tu as passé une très bonne nuit, comme moi. Je t’écris sur mon genou dans le seul petit coin de ma chambre qui ne soit pas envahi par le soleil. Et à ce propos je remarque que le ciel met de la coquetterie à recevoir son confrère PETIT GEORGES. Nous, les juges du camp, nous verrons lequel des deux l’emportera en rayonnement. Il est probable que tu auras une lettre de ton Charles aujourd’hui te confirmant l’exactitude de la nouvelle de son arrivée demain. Dans ce cas-là nous irions au devant de lui et de son auguste famille [1]. Autrement nous les attendrons chez nous ainsi que tu l’as décidé hier dans ta SAGESSE. En attendant je tâche de reprendre confiance en moi à force d’amour pour toi et pour tes enfants. J’espère qu’ils me tiendront compte de ma bonne volonté toute insuffisante qu’elle soit. Tantôt si tu veux nous irons aux joujoux et aux petites chaises. Je t’adore.
BnF, Mss, NAF 16391, f. 154
Transcription de Jean-Christophe Héricher assisté de Florence Naugrette