Guernesey, 7 août, [18]70, dimanche soir, 3 h. ½
Quoi que tu décidesa et que tu fassesb, mon cher bien aimé, je suis avec toi cœur, corps et âme. Donc ne te gêne [pas] pour faire et défaire tes projets jusqu’à ce que tu en trouves un qui te plaise et que tu puissesc réaliser [1]. Mais surtout pas de séparation, même d’une seconde, quoi qu’il arrive. Bonheur, ou malheur, ou mort doivent nous trouver inséparables. Voilà notre contrat que nous n’avons pas le droit d’annuler, pas plus l’un que l’autre [2]. Il faut que ce soit entendu une fois pour toutes et ne jamais s’en départir quelles qued soient les circonstances et les événements qui se présenteronte. J’y insiste jusqu’au rabâchage pour que tu ne me fassesb plus de méchante proposition à l’avenir. Pour cette fois, je pardonne Papapa. Je trouve que le citoyen Rimmel et le citoyen autrichien [3] ont fière chance de tomber juste à Hauteville House [4] le jour où tu fais à ton Charles la bonne grâce de lui lire des vers [5] ! Heureusement que j’en profiterai aussi avec lui, avec eux et avec toute la compagnie présente en ce moment [6]. Quel bonheur ! Quel Bonheur !! Quel bonheur !!!
BnF, Mss, NAF 16391, f. 215
Transcription de Anne-Estelle Baco assistée de Florence Naugrette
a) « décides ».
b) « fasse ».
c) « puisse ».
d) « quelques ».
e) « présenterons ».