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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Guernesey, 21 oct[obre] [18]72, lundi matin, 7 h.

Bonne chance ce matin, mon grand bien-aimé, je t’ai vu, bien vu, ce qui s’appelle vu, avec les yeux, avec le cœur, avec l’âme, plaisir, joie et bonheur tu viens de me donner tout cela en moins de cinq minutes. Merci, sois béni, je t’adore. J’ai craint un moment en te voyant porter la main à la tête que ce soit un signe de souffrance mais je me suis rassurée tout de suite en voyant tomber quelques petites gouttes de pluie. Ton geste s’expliquait d’autant mieux que tu n’avais pas de chapeau. J’espère ne pas me tromper dans ma traduction libre de ta pantomime expressive mais un peu trop à distance [1]. J’étais à mon poste avant le coup de canon qui est parti ce matin avec un gros fracas à six heures et demia juste. J’espère que tu as mieux dormi cette nuit que l’autre et que tes douleurs t’ont laissé tranquille. Quant à moi, je n’ai pas beaucoup dormi mais je ne souffre pas et je t’aime et je suis si heureuse de t’avoir si bien vu tout à l’heure que je me sens de force à tout braver, jour et nuit.

BnF, Mss, NAF 16393, f. 292
Transcription de Bulle Prévost assistée de Florence Naugrette

a) « demie ».

Notes

[1Selon leur rituel matinal, Victor Hugo vient accrocher un morceau de tissu blanc à son balcon, que Juliette voit de sa fenêtre, pour lui signaler qu’il est levé.

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