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Édition des Lettres de Juliette Drouet à Victor Hugo - ISSN : 2271-8923

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Paris, 16 septembre [18]77, dimanche matin, 11 h.

Cher bien-aimé, puisque tu as passé une bonne nuit, puisque tu te portes bien, puisque tu es content de toi et puisque tu m’aimes, je n’ai rien à désirer de plus et je remercie Dieu. J’ai reçu avis d’un M. [Frozier  ? Prozier  ?] que sa femme m’envoie plusieurs fardeaux de raisin de Montauban destinés d’une part à Léon Cladel, avec prière de les lui faire parvenir à Sèvres, et à d’autres dont les noms sont illisibles. Le tout, dit l’étrange missive, vous arrivera franc de port, c’est bien le moins, mais ce monsieur aurait mieux fait de faire faire ses commissions par un autre que par moi qui ne le connais ni des lèvres ni des dents. Quant au journal Le Soir qu’on t’a envoyé hier, de la part de Maxime Du Camp très probablement, avec un article de lui sur la Commune et sur l’assassinata des otages avec ce mot final à ton adresse : Ceux qui réclament l’amnistie ont l’âme étrangement faite [1]  : Attrapé ! ça t’apprendra à avoir le cœur aussi grand que ton génie, c’est bien fait et je t’adore. Ah ! mais !!!

BnF, Mss, NAF 16398, f. 252
Transcription de Guy Rosa

a) « l’assinat ».

Notes

[1Cet article de Maxime Du Camp annonce son ouvrage sur la Commune, Les Convulsions de Paris, à paraître à la librairie Hachette, en quatre volumes, entre 1878 et 1880. C’est un violent réquisitoire contre les communards, présentés comme des criminels. Louise Michel surnomma son auteur « Du Camp de Satori », par allusion au camp militaire où des fédérés furent exécutés. Lors de son élection à l’Académie française, Le Gaulois l’appela « policier des lettres » et « dénonciateur des proscrits de la Commune » (28 février 1880), parce que la prépublication d’un chapitre de son ouvrage dans la Revue des Deux Mondes en 1878 avait fait condamner aux travaux forcés un ancien communard. Ainsi, pendant que Victor Hugo militait pour l’amnistie, Du Camp alimentait la répression. (Remerciements à Yvan Leclerc).

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