Guernesey, 26 avril [18]68, dimanche, 7 h. du matin
Cher adoré bien-aimé, je souhaite que ta nuit, que ta santé, que ton amour soient de tout point comme les miens qui ne laissent rien à désirer. Me voilà tout à fait remise sur pattes et j’espère bien recommencer enfin la collation de ton beau livre demain si tu n’y vois pas d’obstacle ni Mme Chenay non plus [1]. Aujourd’hui, dimanche, j’aurais crainta de troubler ses oraisons mais demain il n’y a plus de danger. Le temps est beau ce matin, quoiqu’un peu froid, ce qui fait que je ne te demanderai pas encore à sortir aujourd’hui. Dès qu’il fera un peu plus chaud, je m’arrangerai de manière à être de tous tes passus car j’ai un fort arriéré de ce bonheur-là à rattraper. En attendant, je vais et je viens dans ma maison autant que je peux sans trop me fatiguer et je t’adore à bride abattue.
BnF, Mss, NAF 16389, f. 115
Transcription de Jeanne Stranart assistée de Florence Naugrette
a) « j’aurais crains ».