Paris, 24 juin [1874], mercredi matin, 9 h.
Peut-être, mon cher adoré, es-tu encore là-haut quand je te crois déjà parti. Peut-être aussi m’aimes-tu comme je t’aime et alors je n’ai pas de raison pour douter de ton amour et pour me tourmenter de ton absence ? Toutes ces that is the questions que mon cœur se pose dès que mes yeux t’ont perdu de vue, ta présence suffit pour y répondre victorieusement. Dès que tu parais, que j’entends ta voix, que ton regard s’arrête sur moi, que ta bouche approche la mienne, je suis convaincue que tu m’aimes, que tu n’aimes que moi et que je n’ai rien à craindre pour mon bonheur qui est plus que ma vie. Donc, mon cher bien-aimé, de près ou de loin, présent ou absent, j’ai confiance en toi, je te souris et je te bénis. Je viens de m’apercevoir que j’ai oublié de te donner mon gribouillis hier soir. Heureusement que tu n’as pas besoin de le lire pour savoir ce qu’il y a dedans, car tu connais mon cœur mieux que je ne le connais moi-même. Ce que je t’en dis n’est que pour en épancher le trop plein et ce que tu en lis n’est qu’une preuve de plus de ta bonne grâce, de ta bonté et de ton indulgence pour moi. Je t’en remercie, je t’en aime et je t’en adore avec toute l’admiration, toute la reconnaissance et toute l’adoration de mon âme.
BnF, Mss, NAF 16395, f. 118
Transcription de Véronique Heute assistée de Florence Naugrette