Guernesey, 8 septembre 1861, dimanche matin, 8 h.
Bonjour mon doux et bien aimé petit homme, bonjour de toutes les forces de mon âme et d’une bonne nuit. Comment vas-tu ce matin, mon cher adoré ? Si tu as bien dormi et si tu te portes bien et si tu es content tout est bien et je suis la plus heureuse femme de la terre.
Tu as bien fait de te décider à faire décrépir ta maison puisqu’elle en avait besoin mais surtout et par-dessus tout puisque cela fait tant de plaisir à tous les Hauteville-Housiens. Cela et le congé définitif de Jeanne, te ramèneronta bien des fugitifs. En attendant je fais ce que je peux pour que tu ne souffres pas trop de leur absence, du moins en ce qui concerne le matériel de la vie. Je te demande d’avance de ne pas trop m’oublier quand tu seras de nouveau en possession de tout ton monde et de m’aimer toujours, quoi qu’il arrive de bonheur intérieur et extérieur pour toi. Il y a aujourd’hui huit jours que nous avons mis le cap sur Guernesey [1], mon cher petit homme. Depuis que nous sommes arrivés je n’ai pas été une seconde sans demander à Dieu le retour de tous les chers absents qui te tiennent au cœur. J’espère qu’il m’entend et qu’il m’accordera ce que je lui demande avec tant d’amour et au nom de ton bonheur.
BnF, Mss, NAF 16382, f. 90
Transcription de Florence Naugrette
a) « ramènerons ».